Download E-books La quête d'Alexandre (Chroniques du Nouvel-Ontario, tome 1) PDF

Ils s’arrêtèrent un second pour respirer. Tom tira sa blague à tabac et se mit à remplir sa pipe. Il jeta un œil à son compagnon, qui, le visage fermé, regardait au loin. — T’as pas l’air dans ton assiette. Qu’est-ce qui te chiffonne? — Je vous l’ai dit, j’ai mal dormi. Intérieurement, il s’en voulait de se laisser intimider, de ne pas pouvoir lui dire ce qu’il pensait de sa conduite. — Mais j’y pense, le père Paradis m’a dit que tu étais presque un curé. Je gage que tu t’es aperçu, même si tu paraissais dormir, que Sophia couche dans ma tente. Alexandre éclata. — remark pouvez-vous abuser ainsi d’une pauvre Indienne, vous en servir, comme ça, en passant… — Minute, mon garçon. Je n’abuse de personne. Je ne prends personne de strength, moi. Je suis un honnête homme. Quand j’ai engagé Jim comme advisor l’an dernier, je lui ai dit qu’en plus je voulais une femme pour prendre soin de moi. Il m’a parlé de los angeles sœur de sa femme, dont le mari est mort dans un coincidence. Elle est venue avec moi l’an dernier et elle était d’accord pour revenir cette année. — Mais vous êtes marié? — Et après, qu’est-ce que ça peut faire? Ma femme est avec mes enfants dans mon ranch au Colorado. Moi, j’ai besoin d’une femme pendant que je prospecte dans le Nouvel-Ontario. — Et si vous lui faisiez un enfant, à Sophia? — D’abord, je fais recognition. Et ensuite, si elle devenait enceinte, ça ne voudrait pas dire que ce serait de moi. Je ne lui demande pas l. a. fidélité. — Mais ça pourrait être de vous. Cet enfant serait-il moins votre enfant que ceux que vous avez faits à votre femme? — Tiens, tu m’embêtes avec tes questions. Bon Dieu! C’est quand même pas moi qui ai inventé le système. Jim a été fait par un facteur de los angeles Hudson Bay qui avait une femme temporaire au Canada pendant que los angeles sienne l’attendait sagement en Angleterre. Le continent a été exploré et ouvert comme cela. Tous ces découvreurs, Français, Anglais, Espagnols, s’ils sont parvenus aux Rocheuses, au Pacifique, à l’Arctique et, surtout, s’ils en sont revenus, c’est parce qu’ils étaient guidés par les autochtones et parce que les femmes indigènes ont pris soin d’eux. Ces femmes, elles les nourrissaient du produit de leur chasse et de leur pêche, cuisaient leurs aliments, raccommodaient leurs vêtements, les soignaient dans los angeles maladie. Mais surtout, elles empêchaient ces blancs-becs de faire des bêtises qui leur auraient coûté los angeles vie. On ne raconte pas ça dans les livres d’histoire qu’on apprend à l’école. Il n’y a qu’à voir le nombre de Métis français, anglais et autres sur ce continent pour savoir que cette chose-là a commencé avec les premiers Blancs qui sont venus en Amérique. Et ils n’ont pas tous été aussi honnêtes que moi, et ils ne le sont pas toujours. Ils ne demandent pas toujours l. a. permission. Ce disant, il se mit à grimper vers l’arête du roc. Alexandre le suivit. — Je ne peux quand même pas partager votre tente… Tom s’arrêta. — Tu veux partager l. a. femme aussi? — Ça, jamais! Tom se mit à rire. — Tu sais, je n’ai pas d’objections si elle est d’accord. Mais mettons les choses au clair une fois pour toutes.